« Nos gars sont morts en héros »… les impitoyables combats de la Résistance à Montbazens et Gelles

En ce mois de juillet 1944, en Aveyron, une question est sur toutes les lèvres : « que va-t-il se passer maintenant ? ». Les effectifs des maquis ne cessent de gonfler, avec comme mot d’ordre retarder la montée des Allemands vers la Normandie, de les harceler, leur saper le moral.

Le 21 juillet, un accrochage se produit entre les Albres et Montbazens. Une camionnette des commandos Hubert, qui sont originaires du Bassin, fait face à un convoi allemand de trois camions et 50 hommes se rendant à Capdenac pour ravitailler la troupe qui y est cantonnée : trois maquisards sont tués, deux autres blessés seront achevés. La section Politzer des commandos Hubert, située à Grès, Galgan, et alertée par les tirs, arrive aussitôt en renfort. Les autres maquis, Bayard, Du Gueclin, et les Groupes Francs de Cérons, Aubin et Cransac se portent également au combat.

Des fusillades intenses durent jusqu’au retrait des Allemands avec deux camions seulement car le troisième a été détruit par une grenade. Au pont de la Rivière, l’Occupant subit une nouvelle attaque, il se replie péniblement en attendant d’autres véhicules pour rentrer à Rodez. Les Résistants parlent de 25 Allemands tués. Ils auraient enregistré en définitive 8 tués et 10 blessés. 10 maquisards trouvent la mort, dont le lieutenant Billon-Vivenot, alias George. Les Cransacois Jean Ladurelle et Marcel Haag sont faits prisonniers et seront fusillés à Sainte-Radegonde, le 17 août. Estéban Bravo, mineur du Bassin, connaîtra la même destinée funeste.

Le Firminois André Bauzil, du maquis Bayard, se souvient : « Nous gardions comme prisonnier un milicien quand on nous ordonna de monter sur le Plateau de Montbazens. Les Allemands paraissaient aux abois mais savaient se défendre. Après les combats, j’ai pris un poignard sur un Boche ». Récupérer ce genre de « reliques » était relativement courant.

Face à des blindés

Pour autant, les patriotes vont payer un autre lourd tribut. Le redoutable groupement Wilde de la 11e division blindée SS reçoit l’ordre de ratisser l’Aveyron et de « nettoyer » les poches de maquisards. Ce sont 1 500 à 2 000 hommes avec divers engins, qui peuvent se fragmenter rapidement, conduits par des traîtres ou des habitants réquisitionnés. Leur emblème : un squelette enveloppé dans un suaire et brandissant une faux.

Le 24 juillet, sur le plateau de Gelles, des hommes du maquis FTP d’Ols et du Groupe Francs de Capdenac s’opposent à des éléments de cette force motorisée, avec des pertes de part et d’autre. 3 Résistants sont par ailleurs arrêtés, torturés et sauvagement assassinés.

Le FTP François Testas apporte son témoignage : « Dès que la colonne est apparue, nous avons ouvert le feu et jeté nos grenades. On entend des cris, cela s’agite beaucoup. C’est la panique chez les ‘seigneurs de la guerre’qui se ressaisissent. Pris sous les tirs croisés de deux autos mitrailleuses, nous sommes cloués au sol. Bien protégés par des haies et des murettes, nous nous replions dans les bois car leurs chars entrent en action ».

25 juillet, plusieurs voitures de FTP subissent le feu de la colonne nazie. Quatre maquisards périssent dans le premier véhicule, Trois autres dans la deuxième voiture. D’autres fusillades déchirent le silence de la campagne. Dans leur livre, Christian Font et Henry Moizet font état de 31 victimes sur les deux jours – bien que certaines sources soient en deçà –, des blessés ayant été achevés à coups de crosse ou brûlés vifs par les Allemands. Henri Chaze, dira plus tard : « Nos gars sont morts en héros sans une faiblesse devant l’ennemi… Mais nous n’étions pas assez armés pour attaquer ainsi des blindés ». Le 26 juillet, le groupement Wilde disparaît des radars…